la biche aux bois
Un univers de contes et de légendes au travers la forêt
Chapitre 6
5. Parfois je me dis que l'homme n'a rien appris de l'humanité. Il n'en a rien tiré de bon, d'utile et de durable. Certains esprits de romance s'aventurent à passer le mot, dire qu'il faut faire évoluer les esprits, mais les vrais génies sont souvent les mêmes qui alimentent les diableries. La révolution des Lumières a fait grandir les industries, qui ont fait naître les ordinateurs qui ont fait naître cette nouvelle génération de barabares virtuels qui tuent eux aussi par loisir. Quelle différence y a-t-il entre un chasseur et un enfant d'homme aujourd'hui? Tous deux jouent avec des fusils.
4. Autre modernité d'un autre âge, la chasse à cour montre cet autre visage de l'homme centaure, juché sur sa monture pour traquer et tuer. Le cheval herbivore devient le véhicule du chasseur, un animal sans tête, cantonné à courrir tandis que le chasseur traque et poursuit. Pas de chasse à cour sans battue, le chaos est total. C'est une pratique vouée à détruire l'animal, à vider la forêt de sa vie, de son âme et de sa magie. C'est une pratique haïssable, détestable et honteuse qui malheureusement, est cautionnée par les nombreuses corruptions du domaine public. Elle devrait au moins être interdite dans les domaines nationaux, capables de se gérer avec humanité, intelligence et respect de la nature. La révolution est loin d'être achevée sauf dans certains domaines comme ceux de la Bédouère, qui eux sont privés.
1. Parfois, il m'arrive de me demander ce qui distingue le loup de l'homme. Le loup traque et dévore les animaux les plus faibles. L'homme traque tous les animaux, y compris les plus forts. Le loup avance à pas feutrés. L'homme est bruyant, il perturbe tout et il détruit tout sur son passage. Le loup tue par instainct, il égorge tout ce qui bouge. L'homme décime en masse, il congèle, il transforme, il vend, il alimente un réseau de prédateurs. Le loup comme l'homme ne nous laisse aucun répit.
3. C'est autant un loisir que celui du pêcheur qui après avoir mutilé son poisson, le relache dans la rivière, pour le loisir. C'est comme si, au bord de la route, nos petits se jetaient par loisir sur les voitures, parce qu'il est amusant de voir les automobilistes se jeter dans les fossés...
Ce n'est pas l'instinct qui pousse les hommes à redevenir épisodiquement des chasseurs cuilleurs. Certains au lieu de cueillir, donnent des coup de pieds dans les champignons, ils piétinent et il déciment autant que les chasseurs schizophrènes. Ce qui les pousse, c'est cette maladie mentale qu'est devenue la modernité.
2. L'homme se comporte comme un diable sanguinaire. Il se met dans des transes fanatiques de tuerie. Il massacre, il ravage, il terrorise, il cherche à affaiblir le mental avec lequel nous fuyons, il emet des bruits sombres, rauques et obscurs, il poursuit, il relache sa schizophrénie sur nous. C'est une sorte de folie sanguinaire et morbide qui le pousse chaque année à tuer, de manière légale et autorisée. Certains diront même que la chasse est un loisir, c'est un défouloir.
6. L'homme est devenu diabolique. Je veux dire par là qu'il n'y a rien de rationnel dans son comportement, qu'on ne peut pas plus expliquer pourquoi il tue. Pourquoi un criminel tue-t-il et quel danger courons-nous à vouloir expliquer son crime? Un ennemi peut avoir ses raisons et chercher à les faire dominer par la force, mais qu'en est-il des diableries de l'homme à tuer par loisir, par plaisir, par esprit de domination, par instinct d'envahissement, comme un cancer qui se généralise jusqu'aux moindre sous-bois?
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