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Poème harmonique de la complainte de la blanche biche

Chapitre 2

4. Ce que j'ai appris de l'homme, c'est qu'ils sont tous différents et qu'il faut se méfier de ceux qui s'approchent trop près. L'homme possède des pouvoirs maléfiques. Il tue d'un simple regard sans même nous toucher. De ses yeux jaillissent une foudre mortelle qui nous transperce et nous laisse mort. Il vole nos âmes et il mange nos corps. Son passage créée autour de nous la peur et le chaos.

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1. Je viens de donner naissance à mon premier faon et pour la première fois, j'ai le sentiment de ne plus m'appartenir. Je crains le froid, je crains les renards, je crains les chiens et leurs semblables, les hommes. Chaque année à l'automne, les hommes migrent dans nos forêts. Ils détruisent nos maisons, ils massacrent nos familles et ils glacent le sang de nos tous petits.

3. Certains hommes nous ramènent à leurs souffrances, "Comme une biche soupire après des courants d’eau" (Psaume 42 de David), d'autres jadis ont fait leur Dieu Ã  notre image comme Cernunnos, un Dieu de la nature toute puissante, mais c'est la croix que Saint Hubert nous fait porter depuis que d'autres hommes sont devenus égoïstes, concentriques et fermés.

2. Certains hommes sont inoffensifs, mais ils sont peu nombreux. Lorsqu'ils ne nous tuent pas, ils nous espionnent, ils nous traquent, ils nous harcèlent, ils nous traitent comme des choses que nous ne sommes pas.

Celles qui vont au bois c'est la mère et la fille
La mère va chantant et la fille soupire
Qu'avez-vous à soupirer, ma fille Marguerite ?
J'ai grand' douleur en moi et n'ose vous le dire
 
Je suis fille le jour et la nuit blanche biche
La chasse est après moi, les barons et les princes
Et mon frère Renaud qui est encor le pire
Allez, ma mère, allez bien promptement lui dire
Qu'il arrête ses chiens jusqu'aux proches matines
Où sont tes chiens, Renaud, et ta chasse gentille ?
 
Il sont dedans le bois à courre blanche biche
Arrête-les, Renaud, arrête, je t'en prie
Trois fois les a cornés à son cornet de cuivre
À la troisième fois la blanche biche est prise
Mandons le dépouilleur qu'il dépouille la biche
Celui qui la dépouille dit "Je ne sais que dire
 
Elle a les cheveux blonds et le sein d'une fille"
A tiré son couteau, en quartiers il l'a mise
En ont fait un dîner aux barons et aux princes
Nous voici tous ici fors ma sœur Marguerite
Vous n'avez qu'à manger, suis la première assise
Ma tête est dans le plat et mon cœur aux chevilles
 
Mon sang est répandu par toute la cuisine
Et sur les noirs charbons mes pauvres os y grillent
Celles qui vont au bois c'est la mère et la fille
La mère va chantant et la fille soupire

5. Notre morphologie a fait de nous des animaux de plaine. Nous ne nous réfugions en forêt que pour fuir le danger. Les plaines sont devenues agricoles et les forêts des terrains de jeu où l'homme tue pour le plaisir. Nous avons dû adapter notre mode de vie en nous déplaçant la nuit et en cherchant le repos le jour, mais notre territoire s'est considérablement réduit sur des espaces devenus inhospitaliers. La joie qui est en nos coeurs est comme un soleil qui se meurt. L'homme détruit peu à peu notre espace de vie. Il nous décime.

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